Apprendre, cela s’apprend

Lundi 11 octobre, Jean-Michel Zakhartchouk, professeur honoraire en réseau d’éducation prioritaire et rédacteur aux Cahiers pédagogiques, est intervenu à Auby, devant soixante enseignants du premier et second degré. Le sujet ? Apprendre à apprendre.

jmzJean-Michel Zakhartchouk rappelle un axe directeur dans l’aide : il s’agit de prévoir dès le début le fait que les élèves auront à s’en passer, ou à être moins aidé. Un autre axe : le climat de la classe devra permettre aux élèves de se tromper et d’apprendre à ne pas réussir tout de suite et à chercher. Il ne s’agit pas de supprimer les difficultés, mais d’apprendre aux élèves à les affronter. Mais qu’est-ce qui va les aider ?

 

L’attention, c’est vital

Tout d’abord, chacun aura à s’approcher de la manière dont il s’y prend pour apprendre, et d’entendre d’autres manières, peut-être plus efficaces : « Se connaître, c’est utile. Savoir comment on apprend le mieux, c’est utile. »
Ensuite, il sera important de travailler sur l’attention : la dispersion est un ennemi. Pour autant, dire « faites attention ! » est inutile et même contreproductif si l’enfant met toute son attention… à être attentif ! Il conviendra alors de guider, de dire à quoi il faut être attentif, de repérer aussi les moments forts où il est bon d’être particulièrement attentif, comme au moment de la consigne.
Vient le problème de la mémorisation. Et Jean-Michel Zakhartchouk de préciser : « On sait aujourd’hui que la mémoire n’est ni un enregistreur, ni un appareil photo. Regarder ou entendre quelque chose ne suffit pas du tout à retenir. De même, la mémoire à court terme permet de retenir et réussir, mais seulement dans l’immédiateté. Il faut viser la mémorisation durable. Y revenir donc, plus tard. » Il faudra donc créer des liens entre diverses informations pour pouvoir les retrouver plus facilement dans sa mémoire à long terme.

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Dessin de Jack Koch pour le dossier « Neurosciences » des Cahiers pédagogiques

On sait aussi que ce qui se joue autour de la consigne est central : comprendre la consigne, ce n’est pas seulement comprendre les mots : « C’est essayer de comprendre pourquoi le prof a demandé telle chose et transformer donc les élèves en stratège. Faire reformuler, expliquer la consigne, chercher à déjouer les pièges, c’est investir sur la durée. » Posez donc ce problème à vos élèves ou à vos enfants : « Un poteau mesure un mètre à une heure. Quelle sera sa taille à quatre heures ? » vous serez surpris…

Moins d’efforts pour plus d’effet

Jean-Michel Zakhartchouk rappelle nécessaire de trouver la bonne vitesse : plus on donne du temps, plus cela risque de prendre du temps. S’entrainer alors parfois en temps limité. Et savoir à d’autres moments prendre le temps. Pour qu’ils aillent vite et au bon endroit, il est indispensable d’apprendre aux élèves à trier l’information, à chercher la source fiable en engageant à la méfiance et à la réflexion : « Des éléments décisifs pour développer l’esprit critique sur les réseaux. »
Reformuler est à la base de la compréhension, en user et abuser. Quant à la copie, il sera bon d’en faire un exercice habité, dans lequel l’élève s’investit, cherche à comprendre et ne fait pas qu’écrire mécaniquement. Se relire, s’autocorriger et puis s’exprimer à l’oral, devant les autres sont aussi des compétences utiles pour apprendre.

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Après le temps de la conférence, est venu un temps de travail en groupes, puis un temps de questions à l’intervenant : quid du travail à la maison ? Et Jean-Michel Zakhartchouk de rappeler que e n’est pas en supprimant une difficulté qu’on la résout : « Pour qu’il ne renforce pas l’échec, il faut que le travail soit préparé en classe et avec les parents, en les aidant concrètement à aider leur enfant (« quand il apprend une phrase, il la dit dans sa tête »). » La méthodologie pour apprendre, mais quand ? « Ne pas la considérer comme un à-côté, mais comme à la base du travail impliqué des élèves. L’intégrer, donc dans les activités, faire par exemple écrire des questions sur le texte à un élève. »

Cette formation fut un premier temps autour d’apprendre à apprendre. D’autres moments devraient jalonner l’année, dans le premier et dans le second degré, comme une passerelle entre les deux rives.

Christine Vallin

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