Accueillir des élèves, cela demande de leur donner une place. Une place pour apprendre, une place pour grandir. Une place pour soi, une place parmi les autres. Une place pour les enfants, une place pour les parents aussi. A l’école Pont-de-la-Deûle de Flers-en-Escrebieux, l’équipe éducative fait en sorte que chacun trouve cette place.
Caroline Lamoot, la directrice, fait sa dix-neuvième rentrée dans l’école. « On est tellement bien, ici… C’est une école où les gens sont solidaires. » Elle a commencé sa carrière à l’école des Bateliers de Douai, dans une formation sur le terrain : « Très dur, mais très formateur pour des débuts… » Puis elle est entrée à l’école normale, passé le CAPSAIS, le Certificat d’aptitude professionnelle pour les aides spécialisées. Puis est venue l’école de Flers Pont-de-la-Deûle.
Caroline Lamoot est une femme de conviction, dans une équipe de conviction : « Les enfants qui pensent qu’ils n’y arriveront jamais, dans l’équipe nous sommes là pour leur prouver le contraire. L’esprit de groupe se construit sur cette entraide. » Et l’entraide demande une rencontre.
Une rencontre pour lire
Cette année, tout a commencé après les vacances de la Toussaint : « Bientôt, nous allons faire des groupes de lecture. » Depuis, une fois par semaine les enfants d’Ulis (Unités localisées pour l’inclusion scolaire), d’IME (Institut médico-éducatif) et les élèves de CP, CE1, CE2 se retrouvent et lisent. Certains sont déjà de bons lecteurs, d’autres sont encore non-lecteurs. Ensemble, on écoute l’histoire et on lit, on s’écoute et on s’entend bien. Même si l’on n’est pas pareil, même si l’on a six ou dix ans.
En CP, on est allé à Paris. Les enfants racontent chacun à leur tour : « Le loup qui voulait faire le tour du monde a vu la Tour Eiffel qui avait des ailes. », « A Londres, il a pris le thé avec la reine d’Angleterre ! », « En Italie il s’est promené sur une gondole, et puis… » et puis la suite, ce sera pour la semaine prochaine.
On travaille le lexique et le son. A chaque période, les enseignants font un bilan pour savoir si des élèves peuvent changer de groupe. C’est la quatrième année qu’ont lieu les groupes de lecture. Cela demande une grosse organisation, de prévoir les lieux, les groupes, le matériel. On lance, et puis cela avance ensuite. « Le plus gros bénéfice est pour les élèves le plus en difficulté, pour les élèves handicapés. Mais chacun y trouve un avantage. », précise Caroline Lamoot.
L’esprit d’entraide
Les groupes de lecture ne sont pas la seule occasion de faire travailler les élèves d’IME et d’Ulis avec les autres classes, puisqu’ils se retrouvent aussi en chorale en cycle 3, ou en sport. En sport, les plus grands, ceux qui vont partir en collège, ont même encadré des ateliers. En chorale, tous apprennent par cœur ce que certains ont le plus grand mal à écrire. Et puis en anglais, on commence les rapprochements.
Une fois par mois, ont lieu des conseils d’enfants : les grands y prennent des notes, les conflits de classe se règleront plus tard, en se parlant. Les souhaits par classe sont présentés et l’on voit comment faire pour les réaliser lorsque c’est possible, écrire à Monsieur le Maire, aux parents d’élèves. Ils ont même écrit au Président de la République… Et ils ont reçu une réponse ! Alors à l’école de Pont-de-la-Deûle, on sait que l’esprit d’entraide, ça rend possible l’impossible.
Christine Vallin, Inspectrice de l’éducation nationale