L’année des pour quoi

Photographie : Mathilde Bernos http://lebateaulivre.over-blog.fr/

En cette nouvelle année, l’équipe de circonscription souhaite à tous une bonne reprise, enseignants, ATSEM, auxiliaires de vie scolaires, élèves, parents, maires et membres des municipalités, partenaires de l’école.

Sans attendre, vous dire ma satisfaction, en cette quatrième année en votre compagnie, de pouvoir poursuivre le travail de collaboration et d’échanges, de partages de pratiques et de réflexion entamé les années précédentes. Des groupes de travail sur la difficulté scolaire, sur la gestion des élèves à comportement instable et sur la parentalité vont se prolonger. Le deuxième forum de pratiques pédagogiques verra le jour à la fin du premier trimestre : il permettra de mutualiser ce qui se fait dans les écoles. Les projets d’école, esquissés l’an dernier, vont tracer les perspectives de nos actions collectives et individuelles des années à venir. Les équipements et pratiques avec le numériques vont se poursuivre, avec en particulier la mise en place dans toutes les écoles des espaces numériques de travail (1). Culture et langues seront toujours présentes, par la voix des animatrices de bassin en particulier.

Si nous pouvons retenir un guide pour ce que nous allons entreprendre cette année, seuls et collectivement, ce pourrait être celui du pour quoi ? Avant de se demander comment on va faire les choses, se demander pour quoi on les met en place. Pour quoi prend-on le temps de parler avec un parent inquiet ? Pour quoi retenir tel élève pour les activités pédagogiques complémentaires et pas tel autre ? Pour quoi chanter en classe ? Pour quoi se réunir en conseil de maîtres ? Pour quoi inclure en classe les élèves en situation de handicap ? Pour quoi choisir de travailler sur en mathématiques sur tablettes ? Pour quoi la diversité linguistique en maternelle ? Des réponses à ces pour quoi  naitront les objectifs que l’on suit et les comment faire. Et avec ces objectifs, la manière de reconnaitre qu’on est arrivés à ce que l’on visait.

Trouver son pour quoi, c’est se redonner, chaque jour, les raisons de faire son métier, la manière d’être avec les autres. C’est se donner aussi le courage de dire oui et de dire non. C’est s’offrir la possibilité d’être en cohérence avec ce que l’on fait, de sonner juste et d’agir vrai.

Très bonne année scolaire !

Christine Vallin

(1) Dans le cadre du soutien apporté par l’état au bassin minier du Nord/Pas-de-Calais (bassins d’éducation de Valenciennes, Douai, Lens/Hénin/Liévin et Béthune/Bruay), l’académie de Lille a déployé un E.N.T. sur les 890 écoles du territoire.

Une école : le travail de tous

Samedi 14 avril, l’école de Lauwin-Planque, rénovée sur dix années, ouvrait les portes de ses classes pour une visite des lieux. Sur le site de la maternelle, les parents et autres visiteurs présents, ont pu découvrir dans une vidéo réalisée par les enseignantes les activités les plus récentes, la chasse aux oeufs, carnaval, un repas anglais. Côté élémentaire, dans une autre vidéo les élèves s’étaient mis en scène pour raconter l’école d’avant et se lancer dans une grande enquête.
Une école a des pieds, petits petons qui deviendront grands, si vite. Des pieds pour rencontrer les passants, des pieds pour sillonner les classes, des pieds pour découvrir ce qui se cache derrière les murs. Des pieds téméraires et malins qui inventent le voyage.
Une école a des jambes, qui grandissent et surprennent. Dans la course du temps qui passe, le tout-petit est déjà adolescent.
Une école a des mains, des mains pour toucher d’autres mains, des mains pour reconnaître le doux et le rugueux, le chaud et le pointu. Des mains pour fabriquer et démonter, pour sculpter et inventer.
Une école a des yeux, noirs ou bleus, soudain en larmes ou toujours joyeux. Des yeux à qui, dans le livre, vient le mot, et puis la phrase, et le personnage naissant sur la page. Ça y est, les yeux ont rencontré la lecture, compagnon qui ne les quittera plus.
Une école a une bouche, bavarde qu’on n’arrête plus, ou timide qu’il faudra doucement apprivoiser. Une bouche pour chanter ou se disputer, pour crier ou embrasser.
Mais pour que les pieds inventent leur voyage, pour que les jambes emportent le temps qui passe, pour que les mains sculptent et inventent, pour que les yeux rencontrent leur compagnon lecture, pour que la bouche chante ou se dispute, il faut autour toute une communauté d’adultes. Les enseignants qui vont écouter et faire apprendre. Les parents qui vont cajoler et encourager. La municipalité qui va donner les couleurs et les espaces. Les partenaires qui vont aider là où c’est nécessaire. Et entre les membres de cette communauté il faudra un dialogue patient, des rencontres régulières, la volonté de chercher à se comprendre même lorsque l’on n’est pas d’accord. Et c’est ce travail, minutieux et persévérant, autant que les murs rénovés et accueillants, qui a été salué. Un immense remerciement à la municipalité pour cette école, toujours belle et accueillante, où il fait bon apprendre.
Christine Vallin

La géométrie au cycle 1 sous l’oeil de Fabien Emprin

Quelques 300 enseignants de trois circonscriptions du bassin de Douai étaient réunis au cinéma Majestic pour une conférence sur l’espace et la géométrie au cycle 1. Le sujet pouvait sembler ardu, mais le conférencier, Fabien Emprin, grand spécialiste de la didactique des mathématiques sait utiliser les mots et  les situations qui rappellent à chacun qu’il est un chercheur qui s’appuie sur le terrain.

D’entrée de jeu, Fabien Emprin rappelle qu’il n’a rien à vendre. Le décor est planté, les enseignants rassurés. Bien installés dans des fauteuils de cinéma, ils se prêtent au scénario qu’il leur a concocté.

« L’image véhiculée par la géométrie est le plus souvent une discipline de tracé. Ce n’est pas vrai ! C’est avant tout une discipline de pensée et d’abstraction. »

Le voici qui nous met en situation de penser : « Pensez à un rectangle. » Puis il projette 5 rectangles et demande à l’assistance d’entrer, via une application sur Smartphone, celui qu’on a choisi mentalement. Les enseignants se prêtent au jeu. Les résultats affichés en direct, sur grand écran montrent que la majorité a choisi un rectangle de rapport 1,9. Puis viennent en 2ème  le rectangle de rapport 4/3 puis celui de 16/9. Chacun comprend où il veut en venir quand il dévoile que le rapport 1,9 est en fait, celui d’un Smartphone.

En fait, le cerveau humain est sensible à la représentation prototypique d’un rectangle. Et le rôle de l’enseignant est de ne pas renforcer cette représentation prototypique auprès de ses élèves. De même, le vocabulaire seul ne suffit pas à assoir les apprentissages.

L’apprentissage est en fait complexe. C’est un concept qui repose sur quatre critères :

« Quand on dessine, que l’on déplace, que l’on fabrique, on est dans le spatial. Quand on prouve, qu’on démontre, on est dans la géométrie. » C’est sur ces propos que Fabien Emprin termine son préambule.

Le premier point qu’il traite est celui des objets 3D. Pour connaître un solide, il faut le percevoir, le discriminer parmi d’autres. Pour cela, Fabien Emprin propose des apprentissages qui s’appuient sur des activités toujours ludiques et faisant appel à la manipulation : l’objet caché dans un sac, le reconnaître, le modeler, le mimer, le décrire. C’est à la fois concret et progressif dans les apprentissages. Toutes ces expérimentations, dans des classes de maternelle, montrent une prégnance de la 2D et…de la technique du boudin (pâte à modeler). Il construit donc une situation d’action visant à travailler sur le « concept de solide comme plein ».

« Il s’agit de construire le cube plein manquant pour que le solide soit complet. La quantité de pâte à modeler donnée aux enfants est exacte. Les résultats sont globalement proches du cube plein mais il reste, pour certains, une prégnance à la 2D.

On peut reprendre alors une situation de reproduction de solides. »

Fabien Emprin donne une grande place aux jeux et en présente quelques-uns que les enseignants peuvent largement exploiter : ARCHITEK, KATAMINO ou QUARTO. Il s’est aussi intéressé à la littérature de jeunesse : « Petit Cube chez les TOUT RONDS » permet de découvrir ce monde de la géométrie et bien plus encore.

 

Fabien Emprin poursuit sa conférence en abordant le repérage dans l’espace. C’est encore par le jeu qu’il envisage ce concept difficile qui fait appel à trois stratégies : la position relative, la position absolue et la stratégie du « tourne, tourne, tourne, stop ! » Le jeu du photographe, le jeu des chats permettent à l’enfant de se décentrer et de construire progressivement ces concepts par une obligation de partage d’informations et de communication. Des albums comme le chien de Madlenka de Peter Sis ou encore des applications tablettes (Tiny Tabs) peuvent contribuer à travailler ces notions.

Il projette ensuite une diapositive d’un triple plateau de vélo et demande à l’assistance de compter le nombre de dents du grand plateau. Ce que chacun essaie de faire en dénombrant. Il donne rapidement la réponse qui est en fait inscrite sur le plateau. Rires dans la salle !!! C’est juste un détour par une compétence spatiale qui sert à dénombrer. Et il s’attache toujours à montrer des situations de jeu : le jeu des allumettes, les boites à œufs ou ABULEDU, un logiciel.

Il termine par les objets 2D et la question des tracés. Il rappelle l’importance de la manipulation, du vocabulaire prenant son sens dans des situations de communication.

Les enseignants de cycle 1 ont beaucoup apprécié ce moment riche de contenus pratiques, utilisables directement dans les classes de maternelle et même au-delà.

Merci Monsieur Emprin pour la qualité de votre discours, le regard expert qui s’appuie sur les expériences de terrain et le discernement dont vous faites part à chaque instant.

Forum de pratiques pédagogiques : apprendre en échangeant

Il est 14 heures au collège d’Auby en ce mercredi 18 octobre 2017. Après le bruissement à l’accueil des deux-cent-cinquante enseignants de la circonscription, le silence règne dans les couloirs. Le forum des pratiques pédagogiques a commencé.

Cela fait plusieurs semaines que tout se préparait. Chaque équipe des trente écoles de la circonscription avaient repéré les pratiques pédagogiques qui selon elles méritaient d’être partagées. Et pour chaque pratique, il avait été choisi un moyen de diffusion : un atelier de présentation aux collègues, une exposition de travaux d’élèves ou une fiche. Au total, pas moins de cinquante activités ont été choisies: projet verger et jardin pédagogique, classes binômes CM/6ième autour des mathématiques, cahiers (de vie) numériques interactifs, Bee-bot et Blue-bot, contrat de travail, journée fête du sport, les ceintures de réussites comme outils d’évaluation positive, quart d’heure philo, lire écrire avec la littérature de jeunesse ou mallette de secours du remplacement court, etc. Les titres parlent aux enseignants de maternelle, de cycles 2 ou 3.

Et les animateurs ?
Vingt-six ateliers seront ouverts le jour du forum, chacun pourra en choisir trois à la suite. Il ne reste plus qu’à s’inscrire en ligne.
Ce sont les enseignants eux-mêmes qui vont présenter l’activité qu’ils ont retenue. Et pourtant ce n’est pas une tâche aisée : parler devant des élèves, partager avec eux des savoirs, les faire réfléchir, ils en ont l’habitude. Mais ce public-là, les enseignants, leurs collègues, il est inhabituel et parfois redouté bien davantage. Et les animateurs de préparer au mieux pour intéresser, donner envie. Robot, affiches et animaux
Le jour est arrivé. Depuis midi, on a affiché les fiches de pratiques et deux équipes d’écoles maternelle sont venues installer les expositions de travaux de leurs élèves. Le CDI du collège a pris soudain un coup de jeune entre le robot artistique et les animaux multicolores. Les visiteurs arrivent, découvrent puis vont rejoindre leur atelier.  Et à 14 heures, tout le monde est installé dans le premier atelier qu’il a choisi. Les animateurs sont fin prêts. Ici on fait tester les Bee-bot, ces petits objets connectés utilisés en maternelle ; là, assis en cercle, à la lumière d’une bougie on cherche des réponses à une question philosophique. D’autres ont prévu un diaporama avec les photos de la classe découverte dont il est question, ou les exposés des élèves dans le cadre d’un dispositif Freinet. Ici on parle de l’organisation de la fête du sport qui rassemble élèves, enseignants et parents, là on commente les légumes qui ont poussé dans le verger pédagogique. Trois ateliers vont ainsi se succéder pour les participants.

Partage et découvertes
Les enseignants, qu’ont-ils pensé de ce forum ? « Ce qui m’a plu, c’est le partage des pratiques, des choses concrètes à faire en classe. », « On nous a proposé des supports qui étaient très concrets. J’ai apprécié d’échanger avec des collègues qui ont le même niveau de classe que moi. », « Moi, j’ai bien aimé voir des pratiques nouvelles ou que je n’avais pas utilisées depuis longtemps. Avec le temps, on se « routinise » un peu trop. »
Et les animateurs, comment ont-ils vécu ce moment ? « J’ai beaucoup appris en échangeant avec d’autres collègues, ils ont soulevé des questions auxquelles je n’aurait pas pensé, y ont trouvé des réponses. Ca valait le coup d’avoir un peu peur ! », « J’ai pris beaucoup de plaisir à faire cela, ça me donne envie de recommencer une prochaine fois. »

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Trente écoles pour un forum de pratiques pédagogiques

La circonscription de Douai Cuincy est en pleine préparation d’un forum de pratiques pédagogiques. Il s’agira d’un grand rassemblement des 280 enseignants, où les écoles vont présenter à d’autres écoles des activités qu’elles ont repérées entre toutes.

Lieu d’accueil symbole du travail fructueux entre le premier et le second degré, le collège d’Auby va être bien animé en ce mercredi après-midi 18 octobre. En effet, tous les enseignants du premier degré de la circonscription vont s’y retrouver pour trois heures de formation. Vingt-six ateliers coanimés par les enseignants, une exposition de travaux d’élèves et des dizaines de fiches de présentation de pratiques seront présentés. Avec un objectif : le partage pour apprendre ensemble.

« C’est vraiment de la formation ? »
Certains enseignants ont posé cette question, et ils ont raison. Dans la vision commune, on va en formation pour « être formé », pour recevoir des savoirs, des indications de ce qu’il faut faire ou ne pas faire en classe. Pour avoir des documents, clairs, guidants. Il y a quelque chose de rassurant dans cette vision de la formation. Elle apporte des réponses. Et des réponses, on en a tous besoin, au moins un temps. Pourtant, les études sur le développement professionnel des enseignants montrent bien que ce qui influe le plus, c’est d’être partie prenante de sa formation et de ne pas la subir. Une autre étude montre qu’être investi dans sa formation aide à se sentir compétent dans son travail. Et se sentir compétent, ça aide tous les jours à se sentir plus fort, plus créatif, plus à l’aise, quand on se retrouve, seul, dans sa classe.

« On a besoin de concret »
Si l’on a besoin de se sentir compétent dans son travail, on a aussi besoin d’éléments concrets. L’an dernier, les enseignants l’ont beaucoup dit dans les questionnaires qui suivaient les temps de formations. Le concret, il est particulièrement présent dans les témoignages des collègues, dans le partage des pourquoi et du comment on a mis en place telle activité d’apprentissage, avec quels bénéfices et quelles difficultés. D’où l’idée qui a germé : organiser un forum où chaque école pourrait présenter à d’autres ce qui a été expérimenté et échanger avec les participants.

« Je partage, nous apprenons ? »
Les enseignants vont présenter au cours des ateliers un projet qu’ils ont mis en place : ceintures de réussite comme outil d’évaluation positive, cahier de vie numérique, projet verger et potager, école bilangue anglais allemand, construction des règles de vie, classe découverte comme projet coopératif entre CM2 et Ulis, quart d’heure philo en maternelle, et bien d’autres. La présentation sera suivie d’échanges avec les participants. Entre deux présentations, les enseignants découvriront des travaux d’élèves et des outils de présentations de diverses activités.

Qu’en retireront-ils ? L’objectif d’apprendre tous ensemble sera-t-il tenu ? La question sera posée aux participants et aux animateurs après le forum. Puisque s’impliquer dans sa formation, c’est aussi l’évaluer pour l’améliorer.

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Edito de rentrée – Apprendre ensemble

Tout a commencé en 2016, avec la venue à l’école d’Esquerchin de Danielle et Marcel Thorel (1). De cette rencontre, naquit l’idée de créer une classe à pratiques coopératives. Une enseignante, Corinne Piela, mettrait en place le dispositif des entretiens, des exposés d’élèves à partir desquels se déclinent orthographe, grammaire, lecture, mathématiques et tout ce que le thème suscite. Danielle et Marcel Thorel viendraient régulièrement dans la classe pour aider à la mise en place.

En ce mois de mai 2017, les élèves, sérieux et joyeux, sont pressés de montrer ce qui s’est passé tout au long de l’année. Et la séance a lieu, ritualisée, avec le planning des entretiens, du maitre du temps et du maitre de la parole. Les trois présentations et les questions dureront vingt minutes. Romane présente les photos des fruits et des légumes de son potager, Timéo montre le dessin qu’il a fait à l’atelier de peinture au musée de la Chartreuse à Douai à partir du tableau « La fille du pêcheur» peint en 1876 par Jules Breton. Et Agathe présente un livre sur la République.
Les trois élèves s’expriment très clairement, autant pour présenter que pour questionner ou répondre aux questions. Les élèves vont ensuite chercher quelques phrases pour synthétiser ce qu’ils ont entendu, retenu de chaque présentation, seuls puis en commun. « Aujourd’hui, Romane a parlé de son potager. Elle a planté des fruits savoureux et des légumes juteux. » Les phrases feront l’objet d’une analyse grammaticale.

Acteurs et auteurs
Que retirer de cette pratique au long des mois ? Corinne Piela remarque que l’aisance des élèves est venue au fil des entretiens et qu’elle-même s’attache de plus en plus au questionnement, avec l’objectif désormais de conceptualiser les notions qui ressortent des entretiens, et de les classer et les relier : « Les repères se construisent au fur et à mesure, repères géographiques, historiques, ou scientifiques avec les classifications. Les thématiques se rattachent aux apprentissages, en allers retours : ce va-et-vient est important pour installer durablement les choses. » L’enfant est acteur, lorsqu’il présente. Mais il est aussi auteur, et cela, c’est très nouveau. L’idée de partage est très visible, jusqu’à se prolonger vers les parents, puisque les présentations, remises en forme par l’enseignante, sont à leur disposition via l’espace numérique de travail.
Et les élèves, qu’en retirent-ils ? « J’ai appris des choses que je ne connaissais, comme le peintre tout à l’heure. » (François). « Moi j’ai appris à faire des expériences, avec du lait, des colorants, du sel. » (Elliot)« Ça m’a donné envie de faire la même chose, comme le jardinage. » « J’aime bien présenter, et avoir les rôles, pour l’organisation, le temps et la parole. » (Victoire) « J’avais un peu peur quand j’ai présenté, mais très vite j’ai eu confiance en moi et dans les autres. On se dit qu’on est capable de faire quelque chose, les amis encouragent. » (Mattéo)

Partage, apprentissages et confiance
En cette rentrée, Corinne Piela le sait, elle va continuer, avec les mêmes élèves de CE1 passant en CE2. Elle travaillera davantage les traces écrites concernant les repères et également la construction régulière, à partir de cartes muettes, sur la frise et la classification scientifique.
A tous, parents, élèves, enseignants et équipe de circonscription, on peut souhaiter une année qui soit, comme dans cette classe, placée sous le sceau du partage, des apprentissages échangés et de la confiance que l’on sait pouvoir placer dans les autres.

Bonne rentrée à tous !

(1) Danielle et Marcel Thorel ont fait partie de l’équipe qui a créé en 2001 une école Freinet à Mons-en-Baroeul, près de Lille. Nous suivons chaque année ce projet.

https://douaicuincy.etab.ac-lille.fr/2016/11/13/freinet-aujourdhui-sur-la-route-des-classes-cooperatives/

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Freinet aujourd’hui, sur la route des classes coopératives

Célestin Freinet : avec le nom de ce pédagogue viennent à l’esprit le texte libre, la correspondance entre écoles, le plan de travail et les classes coopératives. Les techniques Freinet sont plus que jamais vivantes. Rencontre avec Danielle et Marcel Thorel qui portent haut les couleurs de la coopération, jusqu’à l’école d’Esquerchin.

Danielle et Marcel Thorel

Danielle et Marcel Thorel

Danielle et Marcel Thorel ont fait partie de l’équipe qui a créé en 2001 une école de type Freinet dans le système public, à Mons-en-Baroeul, près de Lille. Pendant cinq ans, une équipe de dix chercheurs du laboratoire Théodile de Lille 3 a suivi cette école de neuf classes et son équipe toute neuve. Le pari lancé était, que de la mise au travail des élèves, selon des modalités particulières, découlerait un meilleur climat scolaire et de meilleurs résultats. Un pari réussi à bien des égards. Entretien du matin et plan de travail : ce sont deux dispositifs issus de cette expérience que Danielle et Marcel Thorel sont venus présenter à l’équipe pédagogique d’Esquerchin, intéressée par des pratiques de coopération en classe.

Les nouvelles du matin

Sur la table, un classeur avec des exemplaires du journal quotidien de la classe de CM1 de Marcel Thorel à Mons-en-Baroeul. L’enseignant se souvient. La journée commençait par «  l’entretien du matin ». Les élèves qui voulaient intervenir pour présenter une chose qu’ils avaient vue, entendue ou vécue et qui les avait intéressés, pouvaient s’inscrire à l’avance sur un tableau : pas plus de cinq élève par jour et pas plus de six minutes par présentation.Un enfant dirigeait l’entretien, prenait et donnait la parole à la classe pour des questions. L’entretien était pris en note sur ordinateur par l’enseignant, puis cette page quotidienne du journal était publiée, distribuée à chaque enfant le lendemain matin et lue en collectif. Dans ce journal, les élèves y étaient reconnus, photographiés souvent. « C’était aussi une manière pour l’enfant de tisser des liens entre les évènements présentés, de penser à rapporter un ticket de foot pour en parler le lendemain, de prendre de la distance avec son quotidien », précisa Marcel Thorel.

Réunion de l'équipe d'Esquerchin autour de Danielle et Marcel Thorel

Réunion de l’équipe d’Esquerchin autour de Danielle et Marcel Thorel

Cet entretien était aussi une éducation à la prise de parole. Deux sabliers cadraient le temps et les passages. « Il faut que le dispositif soit très sérieux, permette de veiller à ce que les interventions ne touchent pas aux choses intimes. Si les élèves posent des questions anecdotiques, l’enseignant intervient pour élever le débat parfois, pour conduire à plus d’abstraction. Pour les plus petits ou les plus réservés, il est préférable de ne pas forcer. » De cette manière, l’oral est entré peu à peu dans la classe, qui permettait de structurer sa pensée en trois minutes, dans un cadre protecteur. Au début, il était nécessaire de reformuler, mais à raison de cinq séances par semaine, les progrès étaient visibles. Ces prises de parole permettaient de mieux connaitre les représentations mentales des enfants sur certains sujets, pour partir d’elles et les faire évoluer. C’était une manière aussi d’apprendre les uns des autres sur des vécus différents, et de faire réfléchir à partir de ces vécus, soit pour apporter de la complexité, soit pour y mettre de l’ordre, soit pour conceptualiser : une inondation, c’était la notion de vases communicants ; le concert d’une chanteuse, c’était l’occasion d’une discussion sur les raisons pour lesquelles on s’identifie à une vedette.

Le plan de travail

Ce qui a été mis en place pour progresser, c’est à la fois du collectif et du travail individuel.

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Un autre dispositif très utilisé dans les techniques Freinet est le plan de travail individuel. A Mons-en-Baroeul, il l’était également. L’emploi du temps de la semaine était découpé en temps collectifs et en temps de travail individuel. Dans le CP de Danielle Thorel, trois plages d’une demi-heure de travail individuel étaient placées dans la journée. Les temps collectifs sont ainsi décollés du travail individuel qui suivra. Cela permet de sortir du travail identique pour tous, des exercices standardisés trop faciles pour certains, trop difficiles pour d’autres. « Ce plan de travail est préparé par l’enseignant, qui prévoit des fiches de travail, de la lecture silencieuse, des mathématiques, du texte libre. Le travail, individualisé, est disposé dans des tiroirs numérotés. Mais au début, tout le monde fait la même chose. Puis, le travail demandé se diversifie selon le niveau de chaque élève. Il faut peu à peu apprendre à travailler seul, à chercher les bonnes informations, rester concentré, inscrire les données au bon endroit sur sa feuille. », indiqua Danielle Thorel, qui a expérimenté le plan de travail en CP, dans la continuité de la maternelle où l’on travaille déjà par atelier, parfois autonomes.

Lorsqu’une fiche était terminée, l’enfant l’indiquait de deux barres dans son plan de travail et déposait la fiche dans le bac à correction. Si elle n’était que commencée, il l’indiquait par une barre. C’est un temps où chacun s’exerçait, tout seul. « Avec une discipline de fer », précisa monsieur Thorel, « discipline que chacun accepte parce qu’il apprécie de travailler tout seul et librement ». Comme toujours dans la pédagogie Freinet, chacun avançait à son rythme, de manière très modulée. Pendant ces plages de travail individuel régulées par le plan de travail, les enfants pouvaient s’entraider, sauf pendant les évaluations. A la fin de la journée, les cases se remplissaient, visiblement le travail avançait. Une fois par semaine, le conseil de coopérative permettait de faire le bilan sur le travail, le plan de travail représentant un contrat. Ce contrat pouvait être alors renégocié.

Pour les nouvelles du matin comme pour le plan de travail, l’important est donc d’avancer dans la réflexion, dans les apprentissages, dans l’autonomie. On avance toujours mieux lorsque l’on l’est motivé. Et Danielle et Marcel Thorel de rappeler quelques secrets de la motivation : savoir à quoi sert ce que l’on fait, pouvoir choisir ce que l’on va faire, avoir le sentiment de devenir compétent, avec des tâches ni trop faciles, ni trop difficiles à réaliser et, enfin, faire partie d’un collectif sécurisant. Sans doute en saurons-nous davantage, puisque Danielle et Marcel Thorel ont accepté de continuer d’accompagner l’école d’Esquerchin sur la route des classes coopératives.

Christine Vallin, inspectrice de l’éducation nationale

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Apprendre, cela s’apprend

Lundi 11 octobre, Jean-Michel Zakhartchouk, professeur honoraire en réseau d’éducation prioritaire et rédacteur aux Cahiers pédagogiques, est intervenu à Auby, devant soixante enseignants du premier et second degré. Le sujet ? Apprendre à apprendre.

jmzJean-Michel Zakhartchouk rappelle un axe directeur dans l’aide : il s’agit de prévoir dès le début le fait que les élèves auront à s’en passer, ou à être moins aidé. Un autre axe : le climat de la classe devra permettre aux élèves de se tromper et d’apprendre à ne pas réussir tout de suite et à chercher. Il ne s’agit pas de supprimer les difficultés, mais d’apprendre aux élèves à les affronter. Mais qu’est-ce qui va les aider ?

 

L’attention, c’est vital

Tout d’abord, chacun aura à s’approcher de la manière dont il s’y prend pour apprendre, et d’entendre d’autres manières, peut-être plus efficaces : « Se connaître, c’est utile. Savoir comment on apprend le mieux, c’est utile. »
Ensuite, il sera important de travailler sur l’attention : la dispersion est un ennemi. Pour autant, dire « faites attention ! » est inutile et même contreproductif si l’enfant met toute son attention… à être attentif ! Il conviendra alors de guider, de dire à quoi il faut être attentif, de repérer aussi les moments forts où il est bon d’être particulièrement attentif, comme au moment de la consigne.
Vient le problème de la mémorisation. Et Jean-Michel Zakhartchouk de préciser : « On sait aujourd’hui que la mémoire n’est ni un enregistreur, ni un appareil photo. Regarder ou entendre quelque chose ne suffit pas du tout à retenir. De même, la mémoire à court terme permet de retenir et réussir, mais seulement dans l’immédiateté. Il faut viser la mémorisation durable. Y revenir donc, plus tard. » Il faudra donc créer des liens entre diverses informations pour pouvoir les retrouver plus facilement dans sa mémoire à long terme.

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Dessin de Jack Koch pour le dossier « Neurosciences » des Cahiers pédagogiques

On sait aussi que ce qui se joue autour de la consigne est central : comprendre la consigne, ce n’est pas seulement comprendre les mots : « C’est essayer de comprendre pourquoi le prof a demandé telle chose et transformer donc les élèves en stratège. Faire reformuler, expliquer la consigne, chercher à déjouer les pièges, c’est investir sur la durée. » Posez donc ce problème à vos élèves ou à vos enfants : « Un poteau mesure un mètre à une heure. Quelle sera sa taille à quatre heures ? » vous serez surpris…

Moins d’efforts pour plus d’effet

Jean-Michel Zakhartchouk rappelle nécessaire de trouver la bonne vitesse : plus on donne du temps, plus cela risque de prendre du temps. S’entrainer alors parfois en temps limité. Et savoir à d’autres moments prendre le temps. Pour qu’ils aillent vite et au bon endroit, il est indispensable d’apprendre aux élèves à trier l’information, à chercher la source fiable en engageant à la méfiance et à la réflexion : « Des éléments décisifs pour développer l’esprit critique sur les réseaux. »
Reformuler est à la base de la compréhension, en user et abuser. Quant à la copie, il sera bon d’en faire un exercice habité, dans lequel l’élève s’investit, cherche à comprendre et ne fait pas qu’écrire mécaniquement. Se relire, s’autocorriger et puis s’exprimer à l’oral, devant les autres sont aussi des compétences utiles pour apprendre.

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Après le temps de la conférence, est venu un temps de travail en groupes, puis un temps de questions à l’intervenant : quid du travail à la maison ? Et Jean-Michel Zakhartchouk de rappeler que e n’est pas en supprimant une difficulté qu’on la résout : « Pour qu’il ne renforce pas l’échec, il faut que le travail soit préparé en classe et avec les parents, en les aidant concrètement à aider leur enfant (« quand il apprend une phrase, il la dit dans sa tête »). » La méthodologie pour apprendre, mais quand ? « Ne pas la considérer comme un à-côté, mais comme à la base du travail impliqué des élèves. L’intégrer, donc dans les activités, faire par exemple écrire des questions sur le texte à un élève. »

Cette formation fut un premier temps autour d’apprendre à apprendre. D’autres moments devraient jalonner l’année, dans le premier et dans le second degré, comme une passerelle entre les deux rives.

Christine Vallin

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Faumont, à l’école du numérique

Lundi 12 septembre 2016, a eu lieu une inauguration remarquée à l’école de Faumont : l’inauguration de l’équipement numérique, écran numérique interactif, tablettes et accès à internet. L’aboutissement d’un parcours opiniâtre de la municipalité, soutenant un désir de l’équipe enseignante d’entrer dans l’école numérique.

Monsieur Coquelle et madame Hays

Monsieur Coquelle, maire, et madame Hays, adjointe aux écoles

Aux côtés de monsieur Coquelle, maire de Faumont, et de madame Hays, adjointe aux écoles, la présence de monsieur Lazaro, député, de madame Quatreboeufs, conseillère départementale, mais aussi de monsieur le Vice-président de la Communauté d’agglomération du Douaisis soulignait un engagement fort pour faire entrer plus avant les écoles dans le numérique. Équiper une école de matériel numérique n’est pas anodin. C’est un investissement financier, un projet qui demande d’aller voir ce qui se pratique ailleurs. C’est une collaboration, émaillée d’échanges avec les enseignants pour connaître leurs projets. C’est aussi un pari, que l’on se donne en réfléchissant à ce que l’on veut en faire, en croyant aux élèves d’aujourd’hui et en ayant une idée des citoyens qu’ils deviendront demain. La municipalité de Faumont a suivi toutes ces étapes.

Un écran numérique interactif et une classe mobile équiperont désormais l’école. Un écran numérique interactif est un grand écran tactile, sur lequel on pourra écrire et dessiner, faire une recherche sur internet et afficher une carte de France, y situer Faumont ou les Etats Unis. Et la classe mobile ? Rangée dans sa valise, elle se déplacera dans les salles, pour un travail sur tablettes à partir d’applications éducatives.

MatérielCe matériel sera donc pluriel. On pourra l’utiliser avec les plus petits comme avec les plus grands, grâce à la classe mobile de tablettes. Il permettra à des élèves ayant un handicap moteur de faciliter le geste d’écrire. Il s’adaptera au travail en classe entière, en groupes, jusqu’à un travail individuel.

Il permettra aussi de s’ouvrir sur le temps et l’espace. Les élèves continueront chez eux une rédaction d’article ou autre chose, ils entreront en contact avec d’autres élèves, à l’autre bout du monde ou avec les écoles et le collège de secteur. Ils y apprendront les bonnes habitudes de communication avec les autres, comme l’esprit critique, rempart devant les risques d’une information qui circule à flot. Ce sera aussi un nouveau moyen de communiquer avec les parents.

Mais ce matériel invite aussi à coopérer pour apprendre, lors d’un travail de groupe, d’une recherche, d’un échange. L’entraide, la solidarité, le travail collaboratif sont des manières de vivre qui se transmettent en se pratiquant. Ce sont des éléments importants d’une école où il fait bon vivre, d’une société dans laquelle il fait bon grandir.

Parents et enseignants assistant à la démonstration

Parents et enseignants assistant à la démonstration

Et ce qui vaut pour les élèves vaut pour les enseignants : lorsqu’ils font travailler leur classe avec d’autres classes, les enseignants travaillent naturellement avec d’autres enseignants, ils développent des réseaux professionnels, se forment et se transforment. Si l’on en croit un rapport paru très récemment, le travail collaboratif est un des éléments qui renforcent le sentiment d’efficacité professionnelle et de bien-être au travail.

Pour les bénéfices à venir, un grand merci à la commune de Faumont et à ses partenaires, et aux enseignants qui vont inventer maintenant d’autres voies pour faire apprendre, dans une école qui change.

Christine Vallin, inspectrice de l’éducation nationale

Recommencements

grille écoleOn la sentait frémir depuis deux semaines. On la devinait se préparer en coulisses, autant chez les enseignants avec leurs nouveaux programmes que dans les familles avec cahiers et cartables. Et voilà l’année lancée.

Que lance-t-on lorsqu’on lance une année ? On lance d’abord les conditions de fonctionnement de toute l’école et de toutes les écoles. Sur la circonscription de Douai-Cuincy, une trentaine de directrices et directeurs se sont réunis pour connaitre les grandes orientations de l’année, puis chacun a réuni l’équipe d’enseignants, rencontré les personnels. Si la priorité de la sécurité des élèves et des personnels a toujours été présente, cette année elle est plus vibrante, chargée des images de l’été et des mois qui ont précédé. Alors, partout, on anticipe, on adapte, sans perdre de vue pourtant la chaleur de l’accueil et la sérénité des enfants. Dans les mois qui viennent, les échanges avec les services de l’état, les municipalités, la police et la gendarmerie vont se poursuivre.

Travaux de classe 1Que lance-t-on encore ? On relance trois objectifs de l’enseignement qui flottaient encore dans l’air des classes : apprendre, comprendre et raisonner. Cette année, plus encore peut-être que les autres années, aux côtés de la transmission et de la culture des savoirs, des savoir-faire et des savoir-être, on ne perdra jamais de vue l’importance de donner aux enfants les clés pour réfléchir et pour trouver leur chemin dans les flux d’images, d’informations et de mots d’ordre parfois séduisants et simplistes. Le tout sur fond de nouveaux programmes scolaires, que chacun va s’approprier.

Que lance-t-on enfin ? Eh bien tout ce qui accompagne les visages des enfants lorsqu’ils entrent dans la classe : le groupe où l’on va apprendre à vivre ensemble et à gérer les désaccords ensemble, les projets pédagogiques des années précédentes et les nouveaux projets qui fleurissent comme des printemps.

Fonctionnement et sécurité des écoles, enseignements, projets pédagogiques : tout cela sera l’objet d’un travail d’équipes de la part des deux cent cinquante enseignants et directeurs de la circonscription, qui échangeront encore un peu plus avec les enseignants des collèges. Un travail collectif toujours renouvelé. Un travail de coopération toujours à inventer.

Christine Vallin

Inspectrice de l’éducation nationale