Roland Charnay et la résolution de problèmes

Mercredi 26 septembre, le cinéma Majestic de Douai accueillait Roland Charnay pour une conférence sur la résolution de problèmes destinée à quelques 250 enseignants de cycle 3.

Est-il besoin de présenter Roland Charnay ?  Ce formateur, didacticien des mathématiques est le père d’ERMEL et de Cap Maths. Il a contribué à de nombreux ouvrages toujours utilisés par les enseignants.

 

Dans un premier temps, il rappelle les enjeux au travers des programmes du cycle 3. La résolution de problèmes est le critère principal de la maitrise des connaissances, c’est aussi un moyen d’en assurer une appropriation qui en garantit le sens et, il est nécessaire de proposer aux élèves des problèmes pour chercher.

Roland Charnay fait un détour par les évaluations nationales et internationales en s’attachant particulièrement à PISA. « On fait dire aux résultats des évaluations ce qu’on veut bien leur faire dire… »

Tout d’abord, il rassure les enseignants puisqu’il rappelle que la France est dans la moyenne des pays de l’OCDE. Dans une analyse plus fine des résultats, il faudrait tenir compte des aspects multifactoriels : ne pas se limiter aux contenus, prendre en compte le tissu social, avoir tendance à trop faire porter la responsabilité sur les enseignants ou sur les méthodes.

Roland Charnay pousse plus loin son analyse au travers de trois préoccupations. Tout d’abord celle concernant les élèves en difficulté : il y en a de plus en plus, l’écart entre « bons » élèves et élèves en difficulté augmente. Puis celle relative au rapport des élèves face aux tâches mathématiques qui montre un manque de confiance en soi, un manque de persévérance et une anxiété face à l’évaluation. Enfin, à celle des connaissances peu disponibles chez les élèves. Et, en fonction du point de vue des connaissances, des mathématiques appliquées ou des mathématiques formelles, les résultats sont bien différents (6e, 18e ou 27e). De quoi rassurer les enseignants présents.

Dans un deuxième temps, il étaye ses propos par des exemples concrets. L’analyse de cette erreur peut être de plusieurs ordres : problème de lecture, de stratégie, lié au sens des opérations, de pièges ou encore d’un calcul mental déficient. Mais Roland Charnay pousse plus loin l’analyse de cette erreur : il y a une certaine cohérence dans cette résolution fausse puisque l’élève a identifié deux étapes du problème (chercher le prix du tout et déduire le prix du dictionnaire). Il faut donc rechercher les causes de l’erreur. Sans doute l’élève n’aura utilisé que les nombres écrits en chiffres et il est aussi influencé par des inducteurs (« chaque » induit la multiplication). Ce sont des habitudes de résolution qui l’ont conduit à se tromper. Cela interroge évidemment les pratiques des enseignants. D’autres exemples conduisent à un constat montrant la nécessité d’un apprentissage organisé de la résolution de problèmes.Ce schéma d’analyse montre la difficulté pour l’élève qui doit toujours être en équilibre entre ces deux blocs et mobiliser un nombre important de connaissances et de compétences pour résoudre. Le rôle de l’enseignant est primordial : il doit redonner du sens au « cahier de brouillon », parfois poser la question en début d’énoncé et ainsi, conduire l’élève sur un chemin sur lequel l’erreur peut être une chance qui le mènera à mieux comprendre.

Roland Charnay rappelle aussi l’importance du calcul mental, notamment dans la résolution de problèmes de proportionnalité.

La deuxième partie de son propos aborde des pistes pour « apprendre à chercher et à résoudre ». Il attire l’attention sur le double sens du mot chercher en s’appuyant, avec une certaine malice, sur des expériences vécues en classe et dans lesquelles les enseignants se reconnaissent facilement.

  • Ne pas confondre lecture d’énoncé et résolution
  • Proposer plusieurs supports de présentation (situation réelle ou représentée par un dessin, un schéma…, communiquer oralement ou par écrit)
  • A partir des erreurs, faire argumenter sur la vraisemblance des réponses et sur les raisonnements et mettre en conflit avec la réalité
  • Illustrer par l’expérience
  • Manipuler pour apprendre mais sous certaines conditions (on peut manipuler pour valider par exemple)
  • Ne pas lier systématiquement les problèmes aux apprentissages en cours
  • Eviter les aides de surface (certains mots inducteurs guident mécaniquement les élèves)
  • Exploiter la diversité des procédures (les favoriser, les exploiter pour aider à progresser vers des solutions expertes)
  • Préférer une mise en commun plutôt qu’une correction
  • Permettre à l’élève de progresser par une mise en lien de résolutions et un choix de variables pertinentes

Chacune de ces pistes est illustrée de façon concrète par des exemples, des situations vraies. C’est rassurant pour certains enseignants, plus complexe pour d’autres mais le mérite de Roland Charnay est d’avoir ouvert ces pistes.

Pour terminer, Roland Charnay présente une progression sur la proportionnalité pour le cycle 3 et le cycle 4 rappelant ainsi ce qui est attendu au CM puis au collège. Ne nous précipitons pas !

La conférence s’achève sous les applaudissements des enseignants. Ce temps de formation aura permis de réactiver certaines notions pour quelques-uns, de mieux comprendre les réponses des élèves, de mieux analyser, d’exploiter plus finement. Il aura surtout permis à d’autres de mieux appréhender la résolution de problèmes grâce au regard expert de Roland Charnay. Et maintenant, osez !

Géry Brier
Conseiller pédagogique

NB : Pour ceux qui souhaitent poursuivre ce temps de formation, vous pouvez vous plonger dans le dernier ouvrage de Roland Charnay paru en 2018.

 

L’année des pour quoi

Photographie : Mathilde Bernos http://lebateaulivre.over-blog.fr/

En cette nouvelle année, l’équipe de circonscription souhaite à tous une bonne reprise, enseignants, ATSEM, auxiliaires de vie scolaires, élèves, parents, maires et membres des municipalités, partenaires de l’école.

Sans attendre, vous dire ma satisfaction, en cette quatrième année en votre compagnie, de pouvoir poursuivre le travail de collaboration et d’échanges, de partages de pratiques et de réflexion entamé les années précédentes. Des groupes de travail sur la difficulté scolaire, sur la gestion des élèves à comportement instable et sur la parentalité vont se prolonger. Le deuxième forum de pratiques pédagogiques verra le jour à la fin du premier trimestre : il permettra de mutualiser ce qui se fait dans les écoles. Les projets d’école, esquissés l’an dernier, vont tracer les perspectives de nos actions collectives et individuelles des années à venir. Les équipements et pratiques avec le numériques vont se poursuivre, avec en particulier la mise en place dans toutes les écoles des espaces numériques de travail (1). Culture et langues seront toujours présentes, par la voix des animatrices de bassin en particulier.

Si nous pouvons retenir un guide pour ce que nous allons entreprendre cette année, seuls et collectivement, ce pourrait être celui du pour quoi ? Avant de se demander comment on va faire les choses, se demander pour quoi on les met en place. Pour quoi prend-on le temps de parler avec un parent inquiet ? Pour quoi retenir tel élève pour les activités pédagogiques complémentaires et pas tel autre ? Pour quoi chanter en classe ? Pour quoi se réunir en conseil de maîtres ? Pour quoi inclure en classe les élèves en situation de handicap ? Pour quoi choisir de travailler sur en mathématiques sur tablettes ? Pour quoi la diversité linguistique en maternelle ? Des réponses à ces pour quoi  naitront les objectifs que l’on suit et les comment faire. Et avec ces objectifs, la manière de reconnaitre qu’on est arrivés à ce que l’on visait.

Trouver son pour quoi, c’est se redonner, chaque jour, les raisons de faire son métier, la manière d’être avec les autres. C’est se donner aussi le courage de dire oui et de dire non. C’est s’offrir la possibilité d’être en cohérence avec ce que l’on fait, de sonner juste et d’agir vrai.

Très bonne année scolaire !

Christine Vallin

(1) Dans le cadre du soutien apporté par l’état au bassin minier du Nord/Pas-de-Calais (bassins d’éducation de Valenciennes, Douai, Lens/Hénin/Liévin et Béthune/Bruay), l’académie de Lille a déployé un E.N.T. sur les 890 écoles du territoire.

Une école : le travail de tous

Samedi 14 avril, l’école de Lauwin-Planque, rénovée sur dix années, ouvrait les portes de ses classes pour une visite des lieux. Sur le site de la maternelle, les parents et autres visiteurs présents, ont pu découvrir dans une vidéo réalisée par les enseignantes les activités les plus récentes, la chasse aux oeufs, carnaval, un repas anglais. Côté élémentaire, dans une autre vidéo les élèves s’étaient mis en scène pour raconter l’école d’avant et se lancer dans une grande enquête.
Une école a des pieds, petits petons qui deviendront grands, si vite. Des pieds pour rencontrer les passants, des pieds pour sillonner les classes, des pieds pour découvrir ce qui se cache derrière les murs. Des pieds téméraires et malins qui inventent le voyage.
Une école a des jambes, qui grandissent et surprennent. Dans la course du temps qui passe, le tout-petit est déjà adolescent.
Une école a des mains, des mains pour toucher d’autres mains, des mains pour reconnaître le doux et le rugueux, le chaud et le pointu. Des mains pour fabriquer et démonter, pour sculpter et inventer.
Une école a des yeux, noirs ou bleus, soudain en larmes ou toujours joyeux. Des yeux à qui, dans le livre, vient le mot, et puis la phrase, et le personnage naissant sur la page. Ça y est, les yeux ont rencontré la lecture, compagnon qui ne les quittera plus.
Une école a une bouche, bavarde qu’on n’arrête plus, ou timide qu’il faudra doucement apprivoiser. Une bouche pour chanter ou se disputer, pour crier ou embrasser.
Mais pour que les pieds inventent leur voyage, pour que les jambes emportent le temps qui passe, pour que les mains sculptent et inventent, pour que les yeux rencontrent leur compagnon lecture, pour que la bouche chante ou se dispute, il faut autour toute une communauté d’adultes. Les enseignants qui vont écouter et faire apprendre. Les parents qui vont cajoler et encourager. La municipalité qui va donner les couleurs et les espaces. Les partenaires qui vont aider là où c’est nécessaire. Et entre les membres de cette communauté il faudra un dialogue patient, des rencontres régulières, la volonté de chercher à se comprendre même lorsque l’on n’est pas d’accord. Et c’est ce travail, minutieux et persévérant, autant que les murs rénovés et accueillants, qui a été salué. Un immense remerciement à la municipalité pour cette école, toujours belle et accueillante, où il fait bon apprendre.
Christine Vallin

La géométrie au cycle 1 sous l’oeil de Fabien Emprin

Quelques 300 enseignants de trois circonscriptions du bassin de Douai étaient réunis au cinéma Majestic pour une conférence sur l’espace et la géométrie au cycle 1. Le sujet pouvait sembler ardu, mais le conférencier, Fabien Emprin, grand spécialiste de la didactique des mathématiques sait utiliser les mots et  les situations qui rappellent à chacun qu’il est un chercheur qui s’appuie sur le terrain.

D’entrée de jeu, Fabien Emprin rappelle qu’il n’a rien à vendre. Le décor est planté, les enseignants rassurés. Bien installés dans des fauteuils de cinéma, ils se prêtent au scénario qu’il leur a concocté.

« L’image véhiculée par la géométrie est le plus souvent une discipline de tracé. Ce n’est pas vrai ! C’est avant tout une discipline de pensée et d’abstraction. »

Le voici qui nous met en situation de penser : « Pensez à un rectangle. » Puis il projette 5 rectangles et demande à l’assistance d’entrer, via une application sur Smartphone, celui qu’on a choisi mentalement. Les enseignants se prêtent au jeu. Les résultats affichés en direct, sur grand écran montrent que la majorité a choisi un rectangle de rapport 1,9. Puis viennent en 2ème  le rectangle de rapport 4/3 puis celui de 16/9. Chacun comprend où il veut en venir quand il dévoile que le rapport 1,9 est en fait, celui d’un Smartphone.

En fait, le cerveau humain est sensible à la représentation prototypique d’un rectangle. Et le rôle de l’enseignant est de ne pas renforcer cette représentation prototypique auprès de ses élèves. De même, le vocabulaire seul ne suffit pas à assoir les apprentissages.

L’apprentissage est en fait complexe. C’est un concept qui repose sur quatre critères :

« Quand on dessine, que l’on déplace, que l’on fabrique, on est dans le spatial. Quand on prouve, qu’on démontre, on est dans la géométrie. » C’est sur ces propos que Fabien Emprin termine son préambule.

Le premier point qu’il traite est celui des objets 3D. Pour connaître un solide, il faut le percevoir, le discriminer parmi d’autres. Pour cela, Fabien Emprin propose des apprentissages qui s’appuient sur des activités toujours ludiques et faisant appel à la manipulation : l’objet caché dans un sac, le reconnaître, le modeler, le mimer, le décrire. C’est à la fois concret et progressif dans les apprentissages. Toutes ces expérimentations, dans des classes de maternelle, montrent une prégnance de la 2D et…de la technique du boudin (pâte à modeler). Il construit donc une situation d’action visant à travailler sur le « concept de solide comme plein ».

« Il s’agit de construire le cube plein manquant pour que le solide soit complet. La quantité de pâte à modeler donnée aux enfants est exacte. Les résultats sont globalement proches du cube plein mais il reste, pour certains, une prégnance à la 2D.

On peut reprendre alors une situation de reproduction de solides. »

Fabien Emprin donne une grande place aux jeux et en présente quelques-uns que les enseignants peuvent largement exploiter : ARCHITEK, KATAMINO ou QUARTO. Il s’est aussi intéressé à la littérature de jeunesse : « Petit Cube chez les TOUT RONDS » permet de découvrir ce monde de la géométrie et bien plus encore.

 

Fabien Emprin poursuit sa conférence en abordant le repérage dans l’espace. C’est encore par le jeu qu’il envisage ce concept difficile qui fait appel à trois stratégies : la position relative, la position absolue et la stratégie du « tourne, tourne, tourne, stop ! » Le jeu du photographe, le jeu des chats permettent à l’enfant de se décentrer et de construire progressivement ces concepts par une obligation de partage d’informations et de communication. Des albums comme le chien de Madlenka de Peter Sis ou encore des applications tablettes (Tiny Tabs) peuvent contribuer à travailler ces notions.

Il projette ensuite une diapositive d’un triple plateau de vélo et demande à l’assistance de compter le nombre de dents du grand plateau. Ce que chacun essaie de faire en dénombrant. Il donne rapidement la réponse qui est en fait inscrite sur le plateau. Rires dans la salle !!! C’est juste un détour par une compétence spatiale qui sert à dénombrer. Et il s’attache toujours à montrer des situations de jeu : le jeu des allumettes, les boites à œufs ou ABULEDU, un logiciel.

Il termine par les objets 2D et la question des tracés. Il rappelle l’importance de la manipulation, du vocabulaire prenant son sens dans des situations de communication.

Les enseignants de cycle 1 ont beaucoup apprécié ce moment riche de contenus pratiques, utilisables directement dans les classes de maternelle et même au-delà.

Merci Monsieur Emprin pour la qualité de votre discours, le regard expert qui s’appuie sur les expériences de terrain et le discernement dont vous faites part à chaque instant.

Forum de pratiques pédagogiques : apprendre en échangeant

Il est 14 heures au collège d’Auby en ce mercredi 18 octobre 2017. Après le bruissement à l’accueil des deux-cent-cinquante enseignants de la circonscription, le silence règne dans les couloirs. Le forum des pratiques pédagogiques a commencé.

Cela fait plusieurs semaines que tout se préparait. Chaque équipe des trente écoles de la circonscription avaient repéré les pratiques pédagogiques qui selon elles méritaient d’être partagées. Et pour chaque pratique, il avait été choisi un moyen de diffusion : un atelier de présentation aux collègues, une exposition de travaux d’élèves ou une fiche. Au total, pas moins de cinquante activités ont été choisies: projet verger et jardin pédagogique, classes binômes CM/6ième autour des mathématiques, cahiers (de vie) numériques interactifs, Bee-bot et Blue-bot, contrat de travail, journée fête du sport, les ceintures de réussites comme outils d’évaluation positive, quart d’heure philo, lire écrire avec la littérature de jeunesse ou mallette de secours du remplacement court, etc. Les titres parlent aux enseignants de maternelle, de cycles 2 ou 3.

Et les animateurs ?
Vingt-six ateliers seront ouverts le jour du forum, chacun pourra en choisir trois à la suite. Il ne reste plus qu’à s’inscrire en ligne.
Ce sont les enseignants eux-mêmes qui vont présenter l’activité qu’ils ont retenue. Et pourtant ce n’est pas une tâche aisée : parler devant des élèves, partager avec eux des savoirs, les faire réfléchir, ils en ont l’habitude. Mais ce public-là, les enseignants, leurs collègues, il est inhabituel et parfois redouté bien davantage. Et les animateurs de préparer au mieux pour intéresser, donner envie. Robot, affiches et animaux
Le jour est arrivé. Depuis midi, on a affiché les fiches de pratiques et deux équipes d’écoles maternelle sont venues installer les expositions de travaux de leurs élèves. Le CDI du collège a pris soudain un coup de jeune entre le robot artistique et les animaux multicolores. Les visiteurs arrivent, découvrent puis vont rejoindre leur atelier.  Et à 14 heures, tout le monde est installé dans le premier atelier qu’il a choisi. Les animateurs sont fin prêts. Ici on fait tester les Bee-bot, ces petits objets connectés utilisés en maternelle ; là, assis en cercle, à la lumière d’une bougie on cherche des réponses à une question philosophique. D’autres ont prévu un diaporama avec les photos de la classe découverte dont il est question, ou les exposés des élèves dans le cadre d’un dispositif Freinet. Ici on parle de l’organisation de la fête du sport qui rassemble élèves, enseignants et parents, là on commente les légumes qui ont poussé dans le verger pédagogique. Trois ateliers vont ainsi se succéder pour les participants.

Partage et découvertes
Les enseignants, qu’ont-ils pensé de ce forum ? « Ce qui m’a plu, c’est le partage des pratiques, des choses concrètes à faire en classe. », « On nous a proposé des supports qui étaient très concrets. J’ai apprécié d’échanger avec des collègues qui ont le même niveau de classe que moi. », « Moi, j’ai bien aimé voir des pratiques nouvelles ou que je n’avais pas utilisées depuis longtemps. Avec le temps, on se « routinise » un peu trop. »
Et les animateurs, comment ont-ils vécu ce moment ? « J’ai beaucoup appris en échangeant avec d’autres collègues, ils ont soulevé des questions auxquelles je n’aurait pas pensé, y ont trouvé des réponses. Ca valait le coup d’avoir un peu peur ! », « J’ai pris beaucoup de plaisir à faire cela, ça me donne envie de recommencer une prochaine fois. »

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Trente écoles pour un forum de pratiques pédagogiques

La circonscription de Douai Cuincy est en pleine préparation d’un forum de pratiques pédagogiques. Il s’agira d’un grand rassemblement des 280 enseignants, où les écoles vont présenter à d’autres écoles des activités qu’elles ont repérées entre toutes.

Lieu d’accueil symbole du travail fructueux entre le premier et le second degré, le collège d’Auby va être bien animé en ce mercredi après-midi 18 octobre. En effet, tous les enseignants du premier degré de la circonscription vont s’y retrouver pour trois heures de formation. Vingt-six ateliers coanimés par les enseignants, une exposition de travaux d’élèves et des dizaines de fiches de présentation de pratiques seront présentés. Avec un objectif : le partage pour apprendre ensemble.

« C’est vraiment de la formation ? »
Certains enseignants ont posé cette question, et ils ont raison. Dans la vision commune, on va en formation pour « être formé », pour recevoir des savoirs, des indications de ce qu’il faut faire ou ne pas faire en classe. Pour avoir des documents, clairs, guidants. Il y a quelque chose de rassurant dans cette vision de la formation. Elle apporte des réponses. Et des réponses, on en a tous besoin, au moins un temps. Pourtant, les études sur le développement professionnel des enseignants montrent bien que ce qui influe le plus, c’est d’être partie prenante de sa formation et de ne pas la subir. Une autre étude montre qu’être investi dans sa formation aide à se sentir compétent dans son travail. Et se sentir compétent, ça aide tous les jours à se sentir plus fort, plus créatif, plus à l’aise, quand on se retrouve, seul, dans sa classe.

« On a besoin de concret »
Si l’on a besoin de se sentir compétent dans son travail, on a aussi besoin d’éléments concrets. L’an dernier, les enseignants l’ont beaucoup dit dans les questionnaires qui suivaient les temps de formations. Le concret, il est particulièrement présent dans les témoignages des collègues, dans le partage des pourquoi et du comment on a mis en place telle activité d’apprentissage, avec quels bénéfices et quelles difficultés. D’où l’idée qui a germé : organiser un forum où chaque école pourrait présenter à d’autres ce qui a été expérimenté et échanger avec les participants.

« Je partage, nous apprenons ? »
Les enseignants vont présenter au cours des ateliers un projet qu’ils ont mis en place : ceintures de réussite comme outil d’évaluation positive, cahier de vie numérique, projet verger et potager, école bilangue anglais allemand, construction des règles de vie, classe découverte comme projet coopératif entre CM2 et Ulis, quart d’heure philo en maternelle, et bien d’autres. La présentation sera suivie d’échanges avec les participants. Entre deux présentations, les enseignants découvriront des travaux d’élèves et des outils de présentations de diverses activités.

Qu’en retireront-ils ? L’objectif d’apprendre tous ensemble sera-t-il tenu ? La question sera posée aux participants et aux animateurs après le forum. Puisque s’impliquer dans sa formation, c’est aussi l’évaluer pour l’améliorer.

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Edito de rentrée – Apprendre ensemble

Tout a commencé en 2016, avec la venue à l’école d’Esquerchin de Danielle et Marcel Thorel (1). De cette rencontre, naquit l’idée de créer une classe à pratiques coopératives. Une enseignante, Corinne Piela, mettrait en place le dispositif des entretiens, des exposés d’élèves à partir desquels se déclinent orthographe, grammaire, lecture, mathématiques et tout ce que le thème suscite. Danielle et Marcel Thorel viendraient régulièrement dans la classe pour aider à la mise en place.

En ce mois de mai 2017, les élèves, sérieux et joyeux, sont pressés de montrer ce qui s’est passé tout au long de l’année. Et la séance a lieu, ritualisée, avec le planning des entretiens, du maitre du temps et du maitre de la parole. Les trois présentations et les questions dureront vingt minutes. Romane présente les photos des fruits et des légumes de son potager, Timéo montre le dessin qu’il a fait à l’atelier de peinture au musée de la Chartreuse à Douai à partir du tableau « La fille du pêcheur» peint en 1876 par Jules Breton. Et Agathe présente un livre sur la République.
Les trois élèves s’expriment très clairement, autant pour présenter que pour questionner ou répondre aux questions. Les élèves vont ensuite chercher quelques phrases pour synthétiser ce qu’ils ont entendu, retenu de chaque présentation, seuls puis en commun. « Aujourd’hui, Romane a parlé de son potager. Elle a planté des fruits savoureux et des légumes juteux. » Les phrases feront l’objet d’une analyse grammaticale.

Acteurs et auteurs
Que retirer de cette pratique au long des mois ? Corinne Piela remarque que l’aisance des élèves est venue au fil des entretiens et qu’elle-même s’attache de plus en plus au questionnement, avec l’objectif désormais de conceptualiser les notions qui ressortent des entretiens, et de les classer et les relier : « Les repères se construisent au fur et à mesure, repères géographiques, historiques, ou scientifiques avec les classifications. Les thématiques se rattachent aux apprentissages, en allers retours : ce va-et-vient est important pour installer durablement les choses. » L’enfant est acteur, lorsqu’il présente. Mais il est aussi auteur, et cela, c’est très nouveau. L’idée de partage est très visible, jusqu’à se prolonger vers les parents, puisque les présentations, remises en forme par l’enseignante, sont à leur disposition via l’espace numérique de travail.
Et les élèves, qu’en retirent-ils ? « J’ai appris des choses que je ne connaissais, comme le peintre tout à l’heure. » (François). « Moi j’ai appris à faire des expériences, avec du lait, des colorants, du sel. » (Elliot)« Ça m’a donné envie de faire la même chose, comme le jardinage. » « J’aime bien présenter, et avoir les rôles, pour l’organisation, le temps et la parole. » (Victoire) « J’avais un peu peur quand j’ai présenté, mais très vite j’ai eu confiance en moi et dans les autres. On se dit qu’on est capable de faire quelque chose, les amis encouragent. » (Mattéo)

Partage, apprentissages et confiance
En cette rentrée, Corinne Piela le sait, elle va continuer, avec les mêmes élèves de CE1 passant en CE2. Elle travaillera davantage les traces écrites concernant les repères et également la construction régulière, à partir de cartes muettes, sur la frise et la classification scientifique.
A tous, parents, élèves, enseignants et équipe de circonscription, on peut souhaiter une année qui soit, comme dans cette classe, placée sous le sceau du partage, des apprentissages échangés et de la confiance que l’on sait pouvoir placer dans les autres.

Bonne rentrée à tous !

(1) Danielle et Marcel Thorel ont fait partie de l’équipe qui a créé en 2001 une école Freinet à Mons-en-Baroeul, près de Lille. Nous suivons chaque année ce projet.

https://douaicuincy.etab.ac-lille.fr/2016/11/13/freinet-aujourdhui-sur-la-route-des-classes-cooperatives/

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Freinet aujourd’hui, sur la route des classes coopératives

Célestin Freinet : avec le nom de ce pédagogue viennent à l’esprit le texte libre, la correspondance entre écoles, le plan de travail et les classes coopératives. Les techniques Freinet sont plus que jamais vivantes. Rencontre avec Danielle et Marcel Thorel qui portent haut les couleurs de la coopération, jusqu’à l’école d’Esquerchin.

Danielle et Marcel Thorel

Danielle et Marcel Thorel

Danielle et Marcel Thorel ont fait partie de l’équipe qui a créé en 2001 une école de type Freinet dans le système public, à Mons-en-Baroeul, près de Lille. Pendant cinq ans, une équipe de dix chercheurs du laboratoire Théodile de Lille 3 a suivi cette école de neuf classes et son équipe toute neuve. Le pari lancé était, que de la mise au travail des élèves, selon des modalités particulières, découlerait un meilleur climat scolaire et de meilleurs résultats. Un pari réussi à bien des égards. Entretien du matin et plan de travail : ce sont deux dispositifs issus de cette expérience que Danielle et Marcel Thorel sont venus présenter à l’équipe pédagogique d’Esquerchin, intéressée par des pratiques de coopération en classe.

Les nouvelles du matin

Sur la table, un classeur avec des exemplaires du journal quotidien de la classe de CM1 de Marcel Thorel à Mons-en-Baroeul. L’enseignant se souvient. La journée commençait par «  l’entretien du matin ». Les élèves qui voulaient intervenir pour présenter une chose qu’ils avaient vue, entendue ou vécue et qui les avait intéressés, pouvaient s’inscrire à l’avance sur un tableau : pas plus de cinq élève par jour et pas plus de six minutes par présentation.Un enfant dirigeait l’entretien, prenait et donnait la parole à la classe pour des questions. L’entretien était pris en note sur ordinateur par l’enseignant, puis cette page quotidienne du journal était publiée, distribuée à chaque enfant le lendemain matin et lue en collectif. Dans ce journal, les élèves y étaient reconnus, photographiés souvent. « C’était aussi une manière pour l’enfant de tisser des liens entre les évènements présentés, de penser à rapporter un ticket de foot pour en parler le lendemain, de prendre de la distance avec son quotidien », précisa Marcel Thorel.

Réunion de l'équipe d'Esquerchin autour de Danielle et Marcel Thorel

Réunion de l’équipe d’Esquerchin autour de Danielle et Marcel Thorel

Cet entretien était aussi une éducation à la prise de parole. Deux sabliers cadraient le temps et les passages. « Il faut que le dispositif soit très sérieux, permette de veiller à ce que les interventions ne touchent pas aux choses intimes. Si les élèves posent des questions anecdotiques, l’enseignant intervient pour élever le débat parfois, pour conduire à plus d’abstraction. Pour les plus petits ou les plus réservés, il est préférable de ne pas forcer. » De cette manière, l’oral est entré peu à peu dans la classe, qui permettait de structurer sa pensée en trois minutes, dans un cadre protecteur. Au début, il était nécessaire de reformuler, mais à raison de cinq séances par semaine, les progrès étaient visibles. Ces prises de parole permettaient de mieux connaitre les représentations mentales des enfants sur certains sujets, pour partir d’elles et les faire évoluer. C’était une manière aussi d’apprendre les uns des autres sur des vécus différents, et de faire réfléchir à partir de ces vécus, soit pour apporter de la complexité, soit pour y mettre de l’ordre, soit pour conceptualiser : une inondation, c’était la notion de vases communicants ; le concert d’une chanteuse, c’était l’occasion d’une discussion sur les raisons pour lesquelles on s’identifie à une vedette.

Le plan de travail

Ce qui a été mis en place pour progresser, c’est à la fois du collectif et du travail individuel.

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Un autre dispositif très utilisé dans les techniques Freinet est le plan de travail individuel. A Mons-en-Baroeul, il l’était également. L’emploi du temps de la semaine était découpé en temps collectifs et en temps de travail individuel. Dans le CP de Danielle Thorel, trois plages d’une demi-heure de travail individuel étaient placées dans la journée. Les temps collectifs sont ainsi décollés du travail individuel qui suivra. Cela permet de sortir du travail identique pour tous, des exercices standardisés trop faciles pour certains, trop difficiles pour d’autres. « Ce plan de travail est préparé par l’enseignant, qui prévoit des fiches de travail, de la lecture silencieuse, des mathématiques, du texte libre. Le travail, individualisé, est disposé dans des tiroirs numérotés. Mais au début, tout le monde fait la même chose. Puis, le travail demandé se diversifie selon le niveau de chaque élève. Il faut peu à peu apprendre à travailler seul, à chercher les bonnes informations, rester concentré, inscrire les données au bon endroit sur sa feuille. », indiqua Danielle Thorel, qui a expérimenté le plan de travail en CP, dans la continuité de la maternelle où l’on travaille déjà par atelier, parfois autonomes.

Lorsqu’une fiche était terminée, l’enfant l’indiquait de deux barres dans son plan de travail et déposait la fiche dans le bac à correction. Si elle n’était que commencée, il l’indiquait par une barre. C’est un temps où chacun s’exerçait, tout seul. « Avec une discipline de fer », précisa monsieur Thorel, « discipline que chacun accepte parce qu’il apprécie de travailler tout seul et librement ». Comme toujours dans la pédagogie Freinet, chacun avançait à son rythme, de manière très modulée. Pendant ces plages de travail individuel régulées par le plan de travail, les enfants pouvaient s’entraider, sauf pendant les évaluations. A la fin de la journée, les cases se remplissaient, visiblement le travail avançait. Une fois par semaine, le conseil de coopérative permettait de faire le bilan sur le travail, le plan de travail représentant un contrat. Ce contrat pouvait être alors renégocié.

Pour les nouvelles du matin comme pour le plan de travail, l’important est donc d’avancer dans la réflexion, dans les apprentissages, dans l’autonomie. On avance toujours mieux lorsque l’on l’est motivé. Et Danielle et Marcel Thorel de rappeler quelques secrets de la motivation : savoir à quoi sert ce que l’on fait, pouvoir choisir ce que l’on va faire, avoir le sentiment de devenir compétent, avec des tâches ni trop faciles, ni trop difficiles à réaliser et, enfin, faire partie d’un collectif sécurisant. Sans doute en saurons-nous davantage, puisque Danielle et Marcel Thorel ont accepté de continuer d’accompagner l’école d’Esquerchin sur la route des classes coopératives.

Christine Vallin, inspectrice de l’éducation nationale

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Apprendre, cela s’apprend

Lundi 11 octobre, Jean-Michel Zakhartchouk, professeur honoraire en réseau d’éducation prioritaire et rédacteur aux Cahiers pédagogiques, est intervenu à Auby, devant soixante enseignants du premier et second degré. Le sujet ? Apprendre à apprendre.

jmzJean-Michel Zakhartchouk rappelle un axe directeur dans l’aide : il s’agit de prévoir dès le début le fait que les élèves auront à s’en passer, ou à être moins aidé. Un autre axe : le climat de la classe devra permettre aux élèves de se tromper et d’apprendre à ne pas réussir tout de suite et à chercher. Il ne s’agit pas de supprimer les difficultés, mais d’apprendre aux élèves à les affronter. Mais qu’est-ce qui va les aider ?

 

L’attention, c’est vital

Tout d’abord, chacun aura à s’approcher de la manière dont il s’y prend pour apprendre, et d’entendre d’autres manières, peut-être plus efficaces : « Se connaître, c’est utile. Savoir comment on apprend le mieux, c’est utile. »
Ensuite, il sera important de travailler sur l’attention : la dispersion est un ennemi. Pour autant, dire « faites attention ! » est inutile et même contreproductif si l’enfant met toute son attention… à être attentif ! Il conviendra alors de guider, de dire à quoi il faut être attentif, de repérer aussi les moments forts où il est bon d’être particulièrement attentif, comme au moment de la consigne.
Vient le problème de la mémorisation. Et Jean-Michel Zakhartchouk de préciser : « On sait aujourd’hui que la mémoire n’est ni un enregistreur, ni un appareil photo. Regarder ou entendre quelque chose ne suffit pas du tout à retenir. De même, la mémoire à court terme permet de retenir et réussir, mais seulement dans l’immédiateté. Il faut viser la mémorisation durable. Y revenir donc, plus tard. » Il faudra donc créer des liens entre diverses informations pour pouvoir les retrouver plus facilement dans sa mémoire à long terme.

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Dessin de Jack Koch pour le dossier « Neurosciences » des Cahiers pédagogiques

On sait aussi que ce qui se joue autour de la consigne est central : comprendre la consigne, ce n’est pas seulement comprendre les mots : « C’est essayer de comprendre pourquoi le prof a demandé telle chose et transformer donc les élèves en stratège. Faire reformuler, expliquer la consigne, chercher à déjouer les pièges, c’est investir sur la durée. » Posez donc ce problème à vos élèves ou à vos enfants : « Un poteau mesure un mètre à une heure. Quelle sera sa taille à quatre heures ? » vous serez surpris…

Moins d’efforts pour plus d’effet

Jean-Michel Zakhartchouk rappelle nécessaire de trouver la bonne vitesse : plus on donne du temps, plus cela risque de prendre du temps. S’entrainer alors parfois en temps limité. Et savoir à d’autres moments prendre le temps. Pour qu’ils aillent vite et au bon endroit, il est indispensable d’apprendre aux élèves à trier l’information, à chercher la source fiable en engageant à la méfiance et à la réflexion : « Des éléments décisifs pour développer l’esprit critique sur les réseaux. »
Reformuler est à la base de la compréhension, en user et abuser. Quant à la copie, il sera bon d’en faire un exercice habité, dans lequel l’élève s’investit, cherche à comprendre et ne fait pas qu’écrire mécaniquement. Se relire, s’autocorriger et puis s’exprimer à l’oral, devant les autres sont aussi des compétences utiles pour apprendre.

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Après le temps de la conférence, est venu un temps de travail en groupes, puis un temps de questions à l’intervenant : quid du travail à la maison ? Et Jean-Michel Zakhartchouk de rappeler que e n’est pas en supprimant une difficulté qu’on la résout : « Pour qu’il ne renforce pas l’échec, il faut que le travail soit préparé en classe et avec les parents, en les aidant concrètement à aider leur enfant (« quand il apprend une phrase, il la dit dans sa tête »). » La méthodologie pour apprendre, mais quand ? « Ne pas la considérer comme un à-côté, mais comme à la base du travail impliqué des élèves. L’intégrer, donc dans les activités, faire par exemple écrire des questions sur le texte à un élève. »

Cette formation fut un premier temps autour d’apprendre à apprendre. D’autres moments devraient jalonner l’année, dans le premier et dans le second degré, comme une passerelle entre les deux rives.

Christine Vallin

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Apprendre à négocier, pour mieux vivre ensemble

Lundi 10 octobre 2016, a eu lieu une formation intitulée « Gestion de conflits ». Qu’est-ce qui se cache derrière cet intitulé ? De quelles manières peut-on aider les élèves à éviter l’escalade qui mène à la violence ? C’est ce qu’ont expliqué François Ghoris, formateur OCCE, et Caroline Lamoot, administratrice OCCE, à un groupe de directrices et directeurs d’écoles de la circonscription de Douai Cuincy.

Francois Ghoris et Caroline Lamoot

Francois Ghoris et Caroline Lamoot

L’OCCE, Office central de la coopération à l’école, est une association bien placée pour former ainsi sur le thème de la gestion des conflits. En effet, si l’on coopère, le conflit pointera son nez à un moment ou à un autre. Parce que, comme l’a rappelé François Ghoris, aller vers l’autre se dit « ad gressere », agresser. Ce n’est donc pas tant le conflit que l’on va chercher à éviter, puisqu’il est inévitable dans tout groupe en marche, mais sa résolution par une autre modalité que la violence. Si le conflit fait progresser un groupe, une société, la violence sera toujours une souffrance imposée à l’autre.

Comment réagit-on aux situations de conflit ? François Ghorgis et l’OCCE discernent quatre réactions possibles : en le contournant, par la fuite ou la douceur ; ou en l’affrontant, par la force ou la négociation. Chacun fait comme il le peut, comme il sait le faire, en fonction de la manière dont il a été élevé, de ce qu’il a vécu. « La solution éducative et constructive, c’est la négociation. Et les outils de négociation que l’on transmet aux enfants sont parfois racontés le soir aux parents. Tout le monde avance ! », précise François Ghoris.

Des outils pour négocier

Mais comment faire ? D’abord, mettre en place différentes modalités de prévention. Laissons de la place aux émotions, positives ou négatives, puisqu’un besoin non satisfait engendre une émotion, et du conflit. Il est donc bon d’aider les gens à formuler les choses, à expliquer ce qui se cache derrière un affect. Ensuite, ce qui crée de conflit, en premier lieu c’est de croire que l’autre est pareil que soi. Il convient plutôt de chercher la différence et de voir ensuite de quelles manières nous pouvons être complémentaires. Reste aussi à donner des outils aux enfants pour qu’ils entrent dans la négociation. Caroline Lamoot en présente : « Par le message clair, l’enfant dit à l’autre ce qu’il a vécu, son émotion, et il termine par « est-ce que tu m’as compris ? » On peut aussi former des médiateurs enfants (qui reformulent les prises de parole, qui demandent s’il y a une solution proposée, si l’un et l’autre sont d’accord), ou installer un banc de la médiation, une trace écrite anonyme de médiation. »

Document OCCE

Document OCCE

Une chose ressort de cet après-midi de formation et de réflexion des directrices et directeurs d’écoles : si l’on s’est placé en situation de confrontation à des situations de conflit, en devenant directeur, ou en étant enseignant, c’est peut-être parce que l’on se retrouve en mesure d’aider les autres à gérer leurs conflits. Ne pas subir le conflit, et  pouvoir donner aux autres les moyens d’agir. Aider ceux qui sont autour de soi, au fond, à mieux vivre ensemble.

Christine Vallin

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